LIKASI/Un réseau mafieux dénoncé : le Président de l’ASBL FOBAC alerte sur les activités d’un citoyen grec dans le Haut-Katanga
Le Président de l’association FOBAC, Christian Bahati, tire la sonnette d’alarme. Il dénonce l’existence d’un réseau mafieux actif dans la ville de Likasi, en province du Haut-Katanga. À la tête de ce groupe, un homme au profil trouble : Georgiou Antonios, ressortissant grec, né à Likasi le 4 décembre 1974.
Ancien agent de sécurité au sein de la société MBSP SAS, basée à Lubumbashi, Antonios avait été arrêté en novembre 2022 sur le site minier de Boss Mining à Menda. Les agents de l’Agence nationale de renseignement (ANR) lui reprochaient l’usage illégal et le trafic d’armes à feu, de petit et grand calibre. Il sera détenu huit mois à Kinshasa, dans le cachot dit ANR 3 Zoulou.
Libéré sans explication publique, Georgiou Antonios aurait, selon Christian Bahati, relancé ses activités illégales en se tournant vers le trafic d’uranium à Kasompwe, dans la province du Lualaba, à proximité du site de Boss Mining qu’il avait autrefois sécurisé. Cette situation aurait compromis la réputation de son ancien employeur, la société MBSP, qui s’en est rapidement séparée après plusieurs accusations de vol à son encontre.
Toujours selon les dénonciations de l’ASBL FOBAC, Antonios serait désormais au cœur d’un vaste réseau à Likasi. Il serait impliqué dans des actes de sabotage, notamment la coupure de câbles à haute tension entre Likasi et Lubumbashi. Il disposerait d’un réseau d’influence bien structuré du Haut-Katanga, qui lui garantirait une forme d’impunité.
Se présentant tour à tour comme homme d’affaires ou investisseur, Antonios entretiendrait une double identité. Il aurait approché plusieurs opérateurs économiques congolais et étrangers, leur proposant des partenariats dont les véritables objectifs seraient la déstabilisation et l’appropriation de biens.
Parmi les victimes présumées figure Jonathan Mukendi, entrepreneur minier bien connu dans le Katanga. Il est notamment actif dans l’immobilier et la transformation des minerais. En 2012, il avait été désigné adjudicateur provisoire pour l’achat de l’usine CAM RESOURCES de Likasi, mise en vente par le tribunal de grande instance de la ville.
Un an plus tard, le réseau dirigé par Antonios aurait proposé un partenariat à la société de Mukendi. Selon ce dernier, le but était clair : l’évincer pour reprendre l’usine, sans passer par une transaction légale. Des millions de dollars auraient été engagés dans une campagne de déstabilisation au lieu d’un simple rachat de parts sociales.
Derrière cette tentative de prise de contrôle, une société étrangère : VCO, basée à Washington DC, avec laquelle Antonios aurait collaboré. Ce groupe aurait, selon plusieurs sources, déjà escroqué des investisseurs américains en se servant de fausses promesses d’affaires en RDC.
Des documents bancaires faisant état de transferts d’argent circulent, notamment dans le cadre de la tentative de rachat de l’usine CAM RESOURCES. Estimée aujourd’hui à 2,3 millions de dollars, elle aurait été ciblée par le réseau à un prix dérisoire de 285 000 dollars. Une somme complémentaire de 700 000 dollars aurait été prévue pour corrompre certaines autorités, selon les révélations.
Pire encore, des membres de ce réseau se seraient fait passer pour des victimes d’escroquerie de la part de responsables congolais. Des déclarations qui, selon Christian Bahati, visent à salir l’image des institutions nationales tout en détournant l’attention de leurs propres pratiques frauduleuses.
Des personnalités citées
Le réseau cité impliquerait plusieurs noms : Joseph Chanyema Kakwenda, Yves Mwepu Ilunga, Dunia Kamelenge Alain, ou encore Makunzo Joseph, ancien président du tribunal de grande instance de Likasi. Dans un enregistrement audio, Antonios aurait affirmé
« Je suis intouchable à Likasi. J’ai du pognon, la justice est derrière moi. Je les manipule tous»
Face à ces allégations, l’ASBL FOBAC appelle à une enquête rigoureuse. Son président, Christian Bahati, demande aux services de sécurité d’agir pour que la justice soit rendue. Il exhorte les autorités à protéger les investisseurs congolais, à l’instar de Jonathan Mukendi, qui, selon lui, incarne l’idéal du président Félix Tshisekedi : faire émerger une classe moyenne nationale et encourager l’entrepreneuriat local.
Par Gaspard LWENDO
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