Chronique : Accord de confusion ou promesse de paix ? [Christian Bahati]

 

L’accord tant vanté par certains membres de l’Union sacrée comme étant un compromis "gagnant-gagnant" suscite aujourd’hui plus d’interrogations que d’espoir. Car si réellement cet accord engage équitablement toutes les parties, pourquoi donc les modalités précises d’exploitation, les quotas ou les pourcentages n’ont-ils pas été rendus publics ? Ce silence n’est-il pas une manière subtile de distraire une population déjà épuisée par des décennies d’ambiguïtés politiques ? S'interroge Christian Bahati, Acteur politique et social congolais, originaire du Sud-Kivu.

Cet accord, rappelons-le, s’inscrit dans le cadre de la Charte des Nations Unies et se réfère à la résolution 2773 du Conseil de sécurité, adoptée le 21 février 2025. Une résolution qui, en apparence, vise la neutralisation des groupes armés étrangers, notamment les FDLR. Cependant, à y regarder de plus près, l’application de cette résolution est loin d’être claire.

Le Rwanda, par exemple, assimile les milices Wazalendo aux FDLR. Une position troublante, quand on sait que les Wazalendo sont un département officiel des FARDC, des forces de réserve coordonnées par le général Jonas Padiri. Cette assimilation jette une ombre inquiétante sur la ligne de commandement militaire congolaise, et risque de créer un conflit interne entre l’armée régulière et ses propres réservistes.

L’accord évoque également un processus de négociation en cours entre le gouvernement congolais et le mouvement AFC/M23, sous la médiation du Qatar à Doha. Mais paradoxalement, la résolution 2773 insiste aussi sur le désengagement de toutes les forces non étatiques. Alors, pourquoi engager des négociations avec un groupe armé tout en appelant à leur neutralisation ? Où est la cohérence ?

Et que dire des fameuses mesures défensives (CONOPS) du 31 octobre 2024 issues du processus de Luanda, alors que ce processus n’a jamais été pleinement mis en œuvre ? Encore une fois, nous sommes face à des contradictions dangereuses, qui, au lieu de stabiliser la région, risquent d’attiser les tensions.

Dans ce contexte, l’accord annoncé devient un instrument de confusion. Il crée un flou entre réfugiés, paysans, FDLR, AFC/M23 et Wazalendo, brouille les lignes entre alliés et ennemis, et installe un climat de suspicion généralisée. Pire encore, il reporte la solution tant attendue de la paix à dans trois mois, sans aucune garantie tangible.

En réalité, les Congolais attendaient un accord porteur de paix, de désescalade et de sécurité. Malheureusement, ce que nous avons obtenu, c’est un document qui divise les forces nationales, qui floute les responsabilités et qui pourrait, s’il n’est pas vite corrigé, renforcer l’hostilité entre les FARDC, les Wazalendo, le M23 et le Rwanda.

Wait and see ? . Il est temps de clarifier. Il est temps de recentrer les priorités autour du seul objectif valable : la paix durable pour notre peuple congolais en général ceux de l'Est de la RDC en particulier.


Par la Rédaction 

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