Chronique Politique: Jean-Pierre Bemba une parole qui divise, au risque de saboter le dialogue national [Nick Migabo]
Alors que la République démocratique du Congo tente d’amorcer un nouveau cycle de dialogue politique, les déclarations de Jean-Pierre Bemba sur les ondes de Top Congo FM ont jeté un froid. Vice-Premier ministre chargé des Transports et de la Communication, Bemba a tenu une série de propos polémiques, risquant de fragiliser davantage un climat politique déjà sous tension. Découvrez cette chronique de Nick Migabo, Analyste politique, expert en politique internationale et originaire de la province du Sud-Kivu.
Une avalanche d'accusations non étayées
Joseph Kabila présenté comme un infiltré rwandais, Moïse Katumbi accusé de financer le M23, la CENCO assimilée à une organisation subversive, le président français Emmanuel Macron soupçonné de complicité via le Vatican… À ces accusations s’ajoutent des références à des caches d’armes, du matériel d'espionnage et une fortune personnelle estimée à 7 milliards de dollars.
Aucune preuve tangible n’a été fournie. Mais l’effet recherché semble clair : perturber les tentatives de rapprochement entre acteurs politiques et religieux engagés dans la recherche d’unp consensus national.
Une sortie au timing troublant
Cette intervention intervient alors que des figures telles que Martin Fayulu, les leaders religieux de la CENCO et de l’ECC, ainsi que le président Félix Tshisekedi, évoquent la nécessité d’un cadre de concertation. Une opportunité, même fragile, de renouer avec le dialogue après des années de crispation.
Dans ce contexte, les déclarations de Bemba sonnent comme un acte de défiance envers cette dynamique. Pourquoi maintenant ? Pourquoi torpiller un processus de paix encore naissant, si ce n’est pour des considérations d’ordre personnel ou stratégique ?
Une constante dans le parcours de Bemba : la confrontation
La trajectoire politique de Jean-Pierre Bemba est jalonnée de ruptures. Ancien chef de guerre, vice-président sous la formule 1+4, exilé puis jugé à la Cour pénale internationale, il est revenu sur la scène politique sans jamais abandonner un ton accusateur.
Il a critiqué ses anciens partenaires, pris ses distances avec sa famille politique, et adopte aujourd’hui une posture ambivalente au sein d’un gouvernement dont il est pourtant l’un des piliers. Son passage au ministère de la Défense, puis à la tête des Transports et de la Communication, s’inscrit dans une logique de pouvoir plus que de responsabilité collective.
Un homme d’État attendu, mais un pyromane politique révélé
Ce que beaucoup attendaient de Bemba en tant que haut responsable gouvernemental, c’était un rôle d’apaisement et de cohésion. Ce qu’il offre, ce sont des propos clivants et des attaques ciblées. À l’heure où l’Est du pays continue de souffrir, où les déplacés se comptent par millions, et où la cohésion nationale est plus fragile que jamais, le Congo ne peut se permettre des dérapages calculés.
La RDC mérite des bâtisseurs, pas des incendiaires
Le pays est fatigué des conflits d’ego et des ambitions mal contenues. Il a besoin de dirigeants capables de dépasser les logiques de revanche et de division. Jean-Pierre Bemba avait l’occasion d’incarner cette responsabilité. Il a préféré relancer les antagonismes.
Le dialogue national ne peut réussir que si ceux qui sont au pouvoir y croient réellement. Et cela commence par la retenue, le respect des faits, et la volonté sincère de construire ensemble.
Rédaction
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