RDC : Une indépendance mal négociée, un avenir encore incertain (Abbé Jean-Claude Tshoma Bin Muzaliwa)

La République Démocratique du Congo célèbre cette année les 65 ans de son indépendance. Pourtant, le pays continue de traverser des crises répétées, politiques, économiques et sociales. Cette situation pousse à s’interroger : pourquoi un pays si riche en ressources naturelles reste-t-il plongé dans le sous-développement ?

L’historien Barthélémy Pangajanga évoquait déjà dans ses travaux que l’indépendance de la RDC avait été mal négociée. Aujourd’hui encore, cette thèse semble se confirmer. La RDC est un pays de paradoxes : elle regorge de richesses, mais sa population reste dans la pauvreté. L’ancien président français Nicolas Sarkozy, dans son discours de Dakar, disait que certains pays africains "n’étaient pas encore entrés dans l’Histoire". La RDC semble correspondre à cette image.

Ce blocage profond trouve en partie son origine dans un mal interne : la mauvaise foi. Il s’agit ici d’un comportement volontairement nuisible, une manière d’échapper à la responsabilité, un refus de s’engager dans la construction du pays. Ce refus empêche l’homme congolais de mener une vie authentique et responsable, alors que le monde actuel exige justement des formes nouvelles d’engagement citoyen.

Pourquoi la RDC ne tire-t-elle pas profit des opportunités de son temps ? Pourquoi reste-t-elle à l’écart des grandes transformations du monde ? Selon certains philosophes comme Jean-Paul Sartre, cette situation résulte de l’aliénation : une perte de repères dans laquelle les sociétés oublient leur liberté et leur capacité d’action. Le professeur Ferdinand Kondani disait souvent à l’Université : « Qui veut, peut. » Cette maxime résume l’essentiel du message : le développement commence par une prise de conscience et une volonté réelle de changement.

Le véritable problème du Congo, c’est le Congolais lui-même. Tant que l’homme congolais ne prendra pas conscience de sa responsabilité dans le sort de sa nation, rien ne changera. Il ne suffit pas d’accuser l’Occident, les anciennes puissances coloniales ou les institutions internationales. Il faut aussi reconnaître la part de complicité ou de passivité de certains Congolais dans le malheur du pays.

Malheureusement, beaucoup de citoyens cèdent à la facilité. Ils fuient l’effort, refusent le travail, manquent d’initiative. Ce comportement a un prix : l’absence de progrès visible dans les infrastructures, l’éducation, la recherche ou le transport. Chaque nouveau régime abandonne les projets du précédent. Il n’y a ni continuité, ni vision à long terme.

Selon Samir Amin, cette situation d’inertie est une forme moderne d’asservissement. Le Congolais travaille souvent pour les autres, mais peine à répondre aux besoins fondamentaux de son propre peuple. Sartre, encore lui, disait que refuser sa liberté, c’est vivre dans la mauvaise foi.

Les Congolais doivent comprendre que le sous-développement n’est pas un destin imposé, mais souvent une conséquence de leurs propres choix. Il faut rejeter les idéologies de soumission, les systèmes qui appauvrissent, les alliances toxiques, et surtout assumer son rôle de citoyen responsable.

Celui qui se dit fils ou fille de ce pays doit agir avec patriotisme. Il ne doit pas se contenter d’exister pour lui-même, mais agir pour le bien commun. Il doit rejeter l’égoïsme, l’indifférence, et toute forme de trahison nationale. Il doit vivre à soi, et non en soi.

Mais qu’en est-il des pauvres Congolais ? Le prolétariat selon Karl Marx ? Ces millions de citoyens qui, malgré leurs efforts, restent prisonniers d’un système injuste ? Ce sont des hommes et des femmes qui donnent tout ce qu’ils ont, mais qui ne reçoivent rien en retour. Exploités, déshumanisés, ils perdent leur jeunesse, leur force, leur dignité.

Ce système crée une société où chacun voit l’autre comme un rival à abattre. Une compétition malsaine s’installe, où la réussite de l’un devient la menace de l’autre. C’est une société divisée, conflictuelle, sans solidarité.

Et pourtant, Marx nous rappelle qu’il est possible de sortir de cette spirale. Il faut une révolution des mentalités, un changement de cap vers une liberté responsable et une justice sociale réelle.

Abbé Jean-Claude Tshoma Bin Muzaliwa, Assistant à l’ISP et à l’ISTM Baraka


Par la Rédaction 

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